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La Fille qui n'aimait pas ses seins

Carla Bruni inutile ?

Carla Bruni inutile


Carla Bruni, inutile ? Hier, une amie française m’a fait écouter la chanson que l’ex-grande dame aurait écrite pour Julien Clerc. Et de vanter ses qualités poétiques. Une grande artiste, conclut-elle. Face à mes moues méditatives, intriguée, à la fin, elle demande : « Mais pourquoi donc ne l’aimes-tu pas ? Elle est belle, elle est riche, et tu aimes promouvoir les talents d’autrui, surtout les talents de femmes».
« Je ne dirais pas que je ne l’aime pas, je ne la connais pas et ne me permettrai jamais de juger de la qualité de l’art de quelqu’un. Simplement, je l’avoue, d’instinct, et sans pouvoir l’expliciter car je ne peux pas dire non plus qu’elle est complètement dénuée de talent, je n’aime pas sa grande bouche, ses grandes jambes, ses poses, tout ce qu’elle a de joli, de mince, sa voix rauque trop rauque, son air bohême trop bohême, son air … et je n’aime pas ce manque d’empathie à son égard qui évoque même l’air qu’elle respire, ce n’est pas bien, je sais … Et puis, c’est peut-être gentil « une fille d’enfer » mais … à quoi ça sert ? En quoi serait-ce beau sans l’interprétation, la voix de Julien Clercq ? Cet art-là est décoratif, il ne sert de rien, ne dit rien d’autre que l’agréable, le déjà dit, ce que chacun et chacune se plaisent à entendre … le people, le luxe, le romanesque qui tombe bien … enfin, les gens comme toi …. Car on ne vit pas toujours sur la même planète. Pour ma part, je pense que peut-être il y a plusieurs formes d’art. L’art quotidien, que l’on se plaît à intégrer à son intérieur, qui nous ressemble, s’intègre à la mode, au design, au confort, et le grand Art, l’Art à la grande gueule qui ne peut être que scandale et scandaleux car révélateur et catalyseur de changement. Celui-ci dépèce et dénonce la réalité sociale, le fonctionnement collectif et individuel, dit la fiction vraie, prend tout, du connu et de l’inconnu, du visible et de l’invisible, et permet à ceux qui l’acceptent, au mieux, une émancipation et une liberté de la pensée, à la fin. Ces auteurs-là, auteurs de leur propre vie avant tout, et poussant les autres à le devenir, dans certains pays sont tués, dans nos pays ils sont ignorés, rejetés, quand justement on leur sort le talent de Carla Bruni et consorts (j’essaie d’expliciter ma pensée et j’ai du mal). Car l’art d’un trait de génie peut tuer aussi, sur place. Et cela inquiète ou fait peur. Fragiles, nous n’avons pas peur des pouvoirs. Nous sommes leur égale. Au moins !
Aimer ou ne pas aimer l’art de Carla Bruni, acheter ses CD, est lourdement significatif dans un marché concurrentiel où il n’y a pas de place pour tous, on nous serine avec ça. Son art se fait au détriment des autres. L’inutile est privilégié, même si l’art a la réputation d’inutilité, garante de sa « liberté » … Pour moi c’est simplement étonnant, et révèle d’un grave problème d’identité, sur qui fait quoi, qui est qui, et la manière d’être là, dans le monde.
Je ne peux expliquer ce que cette conversation m’a fait perdre, mes illusions, sans doute. Je vis sur une autre planète, c’est sûr.
Si l’art aussi tombe dans le divertissement, connoté de mélancolie brunienne tout « artistique », pour ma part je crains de ne divertir personne. Je vois, sans être vue. Et ce que je vois de Carla Bruni ne me séduit pas outre mesure sans que je puisse l’expliquer exactement. Nous baignons dans les signes, signes de beauté, signes de réussite, signes qui ne pointent sur rien, ou le même, qui revient au même. Lalangue est aussi un outil qui n’épargne pas de devenir « chiant ». Aussi chiante que la Bible ou Kafka, ou même Proust et ses phrases infinies. Qu’est-ce que cela prouve pour juger l’art, si l’art est marchand et demande à chacun de devenir client ? (éclats de rires irrépressibles ? Rions !). Que nore monde n’a pas besoin de nous, que toute l’époque nous renie. Que ceux qui ont grandi et ont été préservés grâce à notre clairvoyance que nous avons partagée nous ont oubliée et qu’on ne nous donnera rien pour notre générosité, notre intelligence et notre beauté. Le temps passé, la vie passée à caresser un rêve éthique où tous sont égaux face aux autres. Où le texte existe par sa seule exigence, être et nécessité. Carla Bruni, et à travers elle tous les autres, est la preuve vivante que cela n’existe et ne peut exister.


Alors, ce n'est peut-être pas très juste, mais non, je n'aime pas l'art de Carla Bruni ni ce qu'elle représente. D’ailleurs, Carla Bruni je m’en moque comme de l’an quarante, en toute politesse. Cette dame qui n'existerait pas sans la foule de ses admirateurs, et qui n'existera plus dans l'histoire de l'art, ni la littérature. Carla Bruni de son côté fait pareil pour ce qui me concerne, ainsi probablement que ses fans. Nous sommes quittes.

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C
Pour moi, elle est INUTILE, INSIPIDE et SANS GOUT !
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A
On ne peut mieux dire, Cuesta Barros Juan ...