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La Fille qui n'aimait pas ses seins

Scène

 

 

 

Et dans un instant, nous disparaîtrions, l'un et l'autre, de la scène.  Cet appartement de passage se viderait.  Je ne consulterais plus l'heure des trains, et je n'attendrais plus, au hasard, sur les quais ...  Le paysage des trains qui vont et viennent ne me ferait plus mal ... et j'aurais perdu à jamais ce regard qui avait brillé pour moi un instant, cette voix qui m'avait conté de la poésie, dans la ville, et cette main qui s'était tendue à travers les mondes, comme pour me retenir d'un désastre imminent.

 

 

Je voulais croire qu'il ne m'abandonnait pas, c'est moi qui m'abandonnait.  Je voulais croire que j'aurais pu le retenir - un peu, si je l'avais voulu. 

Pourtant, je savais déjà que c'était faux.

 

 

Son âme recelait encore tant de pièges à loups, et j'en avais l'intuition, bien des secrets, des zones d'ombres, des légendes entraperçues, tues, des destins à subvertir ...  mais tout prendrait fin ici, dans la lamentation, comme tout ce qui s'achève sur les traces du néant.

 

 

J'avais maintenant perdu sa trace, aboli son visage mais les pierres et les murs, les promenades le long des parcs, la brumeuse imprécision de ces "étonnants matins" me restaient aussi nets qu'autrefois, comme une douleur qui serait née non des caresses de la nuit mais du bruit de nos pas quand nous traversions le parc, le rayon de soleil accroché à la flaque d''eau.

 

Comme il me serait à tout jamais agréable maintenant encore de flâner parmi ces "étonnants matins" et les canaux de ma mémoire.

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